Projet IC-TRANSLOR
Cultures transfrontalières / Räume der Grenze

 

 

 

 

 

Portail en ligne : https://www.ctrg.eu/fr/page-daccueil/ 

Porteurs du projet: Sylvie Grimm-Hamen (Cegil) ; Grégory Hamez (Loterr)

„Mais c’est de toi qu’il faut parler en réalité. De tes langues, de tes différentes identités, du coût mais aussi de la chance que représente une telle vie.“
(Waltraud Mittich, Abschied von der Serenissima, edition laurin : Innsbruck 2014, S. 117)

Vidéo de présentation du projet IC-Translor par Sylvie Grimm-Hamen (juin 2017)

Ce projet est issu d’un programme de recherches PEPS – Projet  Exploratoire Premier Soutien - soutenu par le CNRS et l’Université de Lorraine, en 2014-2015. Il s’inscrit depuis janvier 2016 dans l’axe transfrontalier du CPER Ariane.

Il résulte d’une coopération scientifique entre des enseignants-chercheurs et des doctorants de l’Université de Lorraine, de l’Université de la Sarre, du Luxembourg et de la Grande Région (Center for Border Studies) avec des acteurs institutionnels et indépendants du monde de l’art, de la culture et de la communication (artistes, chercheurs, ingénieurs informatiques, infographistes...).

Son objectif est la création d’une plate-forme scientifique, en accès libre, consacrée, à la culture transfrontalière de la Grande Région formée par la Lorraine, désormais intégrée au Grand-Est, et ses voisines, la Sarre, le Rhénanie-Palatinat, la Wallonie, le Luxembourg. Situées à la périphérie d’Etats-nations, mais aussi coeurs historiques de l’Europe, ces territoires constituent un espace de vie marqué par l’expérience des frontières, concrètes et symboliques, qui ont de tout temps informé la réalité et l’imaginaire de leurs habitants.

Envisager cet espace comme un « espace transfrontalier » suppose, d’une part, de considérer la « porosité » des frontières nationales entre ces territoires, et de mettre en avant « les liens » et les « passages », « les échanges structurés, organisés et durables », plutôt que les « séparations », qui s’y nouent. Cela implique, d’autre part, de considérer que la proximité géographique de « régions contiguës, séparées par une limite d’État » engendrent des types de relations spécifiques, « distincts des échanges transnationaux ». (Bernard Reitel: « Espace transfrontalier », www.hypergeo.eu). L’usage de l’image et de la photographie, et plus largement des outils informatiques, doit permettre de valoriser ces phénomènes interculturels transfrontaliers, en leur accordant une plus grande visibilité.

La culture de cet espace n’est donc pas envisagée comme « ce qui isole et particularise tel ou tel groupe social », mais comme ce « qui rassemble ». Elle est appréhendée « comme un principe de singularité ET d’universalité », comme « un rapport réflexif et critique » à tous les patrimoines et traditions, et comme une force de transformation en un vouloir-vivre ensemble dans un contexte européen. (Vincent Citot: « L'idée d'une Europe de la Culture (L'Europe des cultures, la culture européenne et l'Europe de la Culture) », in: Le Philosophoire 2/2006 (n° 27), p. 215-225).

A été initiée, dans cet esprit, une coopération, avec des porteurs d’autres projets transfrontaliers en Europe (Joachim Gatterer, Université d’Innsbruck, Institut für Geschichtswiss. und europ. Ethnologie, Autriche).

D’un point de vue épistémologique, le projet combine trois chantiers menés parallèlement et conjointement :

  • Il s’agit de développer des « schèmes de catégorisation » (Franz Schultheis:  Dictionnaire des concepts nomades en sciences humaines sous la dir. d’O. Christin, Paris: Editions Métailié 2010, p.8) permettant aux participants, issus de disciplines, de nationalités et de traditions culturelles différentes, de s’accorder sur une manière commune de décrire les spécificités d’une culture transfrontalière, à partir de l’exemple emblématique de la Grande Région.
  •  Cette recherche croisée vise à promouvoir des « terrains de rencontre » (Bourdieu) entre des chercheurs et des artistes, des représentants du monde universitaire et des représentants de la société civile, afin de faire émerger des préoccupations communes tout en donnant à chacun la possibilité d’interroger sa propre pratique, son propre discours. « Supprimer les barrières n’est pas tout; il faut organiser la coopération. Celle-ci suppose avant tout la multiplicité des contacts personnels; échanges et stages, congrès et voyages d’études, expositions, tournées, rencontres des jeunes manuels et intellectuels. » (Robert Schuman, Pour l’Europe, Paris 1963)
  • La mise en oeuvre de ce dialogue place le processus de traduction et la communication interculturelle au coeur de la démarche: une rubrique de la plate-forme portera ainsi sur un lexique commenté des notions utilisées et de leur contexte culturel dans les langues de travail retenues. Compte tenu de la pratique linguistique des participants et des régions concernées, les langues de travail sont l’allemand et le francais. A terme s’y adjoindra l’anglais.

Insertion du projet dans les réseaux de recherche régionaux et internationaux :

Le projet s’inscrit dans la continuité de plusieurs coopérations de recherche initiées au sein de l’Université de Lorraine, en partenariat avec l’Université de la Sarre et l’Université du Luxembourg :

  • Pré-opération smartborder « Frontières linguistiques, sociales et territoriales dans une entreprise frontalière », MSH Lorraine, 2014
  • « Regards interdisciplinaires sur les frontières au sein d'une grande entreprise frontalière », UniGR 2014
  • « France-Allemagne au XXe siècle : la construction académique d’un couple » (FACAC), MSH Lorraine, 2010-2014

Le projet se nourrit aussi des apports interdisciplinaires des séminaires organisés par le GRETI, Groupement de recherches transfrontalières interdisciplinaires, dans le cadre de l’UniGR : Border Séminaire 1 (Dudelange, mars 2015); Border Séminaire 2 (Pont-à-Mousson, novembre 2015); Border Séminaire 3 (Sarrebruck, mars 2016).

Le champ scientifique des border studies, en émergence depuis le milieu des années 1990, fournit par ailleurs un cadre général aux recherches pluridisciplinaires sur les frontières et les interactions qui s’y jouent. Le concept de « transculturalité » offre, quant à lui, un outil permettant d’interroger et de décrire l’hybridité d’espaces composites à l’identité plurielle. Les notions d’ « histoire croisée » et d’ « histoire connectée » (M. Werner, B. Zimmermann: De la comparaison à l’Histoire croisée, Paris: Seuil 2004) livrent, pour leur part, une démarche méthodologique susceptible d’être transposée à l’approche transdisciplinaire visée.

Calendrier:

  • 2015-2016 : phase exploratoire : architecture de la plate-forme, mise en place d’un lexique transversal, d’une méthodologie, définition des thèmes et des sous-thèmes ; caractérisation des entrées du portail
  • 2015-2018 : élaboration du corpus et des études de cas pour les différentes entrées
  • 2017 : ouverture de la version alpha du portail

Atelier 1: 28 novembre 2014
Maison des Sciences de l’Homme Nancy, Salle Internationale, 9h-17h

Atelier 2: 13 février 2015
Maison des Sciences de l’Homme Nancy, Salle Internationale, 9h-17h

Atelier 3: 9 octobre 2015
Saarbrücker Schloss, Regionalverband Saarbrücken, Schloßplatz 1-2, 66119 Saarbrücken, Konferenzraum 2, 9-17h

Atelier 4 : 29 avril 2016
Maison des Sciences de l’Homme Nancy, Salle Internationale, 9h-17h

Bibliographie sélective:

Autissier, Anne-Marie : L’Europe de la culture. Histoire(s) et enjeux, Maison des cultures du monde, Babel, 2005.

Audeguy, Stéphane et Forest, Philippe (dir.) : Notre Europe, 1914-2014. La Nouvelle Revue francaise n°607,. Paris: Gallimard 2014.

Brunet-Jailly, Emmanuel: « Theorizing borders : An interdisciplinary perspective », Geopolitics, 2005/10, p.633-649.

Goulet, Vincent, Vatter, Christoph (Eds.): Champs médiatiques et frontières dans la "Grande Région" SaarLorLux et en Europe/Mediale Felder und Grenzen in der "Grossregion" SaarLorLux und in Europa. Sarrebruck: Universaar 2014.

Lüsebrink, Hans-Jürgen: Interkulturelle Kommunikation: Stuttgart et Weimar: J.B. Metzler, 2005.

Mendgen, Eva : Au centre de l’Europe / Im Reich der Mitte : Des liens et des lieux. Konstanz: Hartung-Gorre Verlag 2013.

Reitel, Bernard : « Espace transfrontalier », www.hypergeo.eu

Roth, François, Martin Philippe (éds.): Mémoire et lieux de mémoire en Lorraine Metz: Pierron 2003.

Schuman, R. : Pour l’Europe.  Fondation Robert Schuman, Chêne-Bourg: Les Editions Nagel SA 1963, 2010.

Sonntag, Monika: Grenzen überwinden durch Kultur? Identitätskonstruktionen von Kulturakteuren in europäischen Grenzräumen. Etudes Luxembourgeoises/Luxemburg-Studien, Frankfurt a.M.: Peter Lang 2013.

Turgeon, Laurier: „Les mots pour dire les métissages : jeux et enjeux d’un lexique“, Revue germanique internationale 21 (2004), p. 53-69.

Valensi, Lucette: „L’exercice de la comparaison au plus proche, à distance: le cas des sociétés plurielles“, in: Annales HSS, 57-1, 2002, pp. 27-30.

Wastl-Walter, Doris: The Ashgate research companion to border studies, Farnham-Burlington: Ashgate Publishing Ltd 2011.

Werner, Michael, Zimmermann, Bénédicte : « Penser l’histoire croisée: Entre empirie et réflexivité », Annales. Histoire, Sciences Sociales, 58(1), 2003, p. 7-36.

- De la comparaison à l'histoire croisée. Paris: Seuil 2004.

Welsch, Wolfgang: „Was ist eigentlich Transkulturalität?“ In: Lucyna Darowska, Claudia Machold: Hochschule als transkultureller Raum? Beiträge zu Kultur, Bildung und Differenz. Transcript-Verlag 2009.

Wille Christian, Reckinger Rachel, Kmec Sonja, Hesse Markus (Hg.): Räume und Identitäten in Grenzregionen. Politiken – Medien – Subjekte. Bielefeld: Transcript Verlag, 2014.

- Spaces and Identities in Border Regions. Policies – Media – Subjects. Bielefeld: Transcript Verlag 2014

Wilson, Thomas M., Donnan Hastings: A companion to border studies, John Wiley & Sons, Oxford 2012.

 

Texte: Sylvie Grimm-Hamen